lundi 26 octobre 2009

La clef de l'âbime, J.C. Somoza.


22,5 euros
Editions Actes Sud
Traduit par Marianne Millon

Résumé :
Daniel Kean découvre à bord du Grand Train un jeune homme portant une bombe greffée sur son corps. Pour éviter le carnage, l'employé des chemins de fer amorce le dialogue et l'homme lui susurre quelques mots à l'oreille. Immédiatement emmené avec sa famille par les forces de sécurité, Daniel est incapable de dévoiler le secret qu'il pense ne pas avoir entendu : l'emplacement de la 'Clé' qui décide du sort de Dieu, clé que cherchent deux bandes rivales, aussi déterminées que dangereuses. Il ne doit son salut qu'à une mystérieuse jeune femme aveugle qui deviendra sa compagne d'aventures pour retrouver sa fille enlevée par deux
agresseurs. Le couple est rejoint par des amis, croyants et lecteurs de différents chapitres de la Bible, dans cette quête dont le secret se cache au fond de l'esprit d'un sceptique, Daniel en personne.

Critique :
'La Clé de l'abîme' démontre une fois encore toute l'ambition de l'Espagnol, soucieux d'insinuer dans lethriller des ingrédients inattendus. Ici, José Carlos Somoza a fomenté une intrigue en écho à l'oeuvre de H. P. Lovecraft. Seulement, là où 'La Dame n°13' ou 'La Caverne des idées' éblouissaient par le soin porté à l'écriture et la singularité de leurs univers, ce roman semble ne jamais dépasser le stade de l'hommage. La magnificence des décors, comme ce Japon immergé que l'on visite sous une bulle de verre noyée sous l'océan, ou le cadre futuriste ne suffisent pas à masquer la platitude de la trame. Quant aux descriptions méticuleuses coutumières de l'auteur, servies par une langue recherchée, elles apparaissent bien poussives, embourbées dans un texte qui n'avance pas. Ce rythme lent nuit à l'écriture de Somoza, dont le style luxuriant et imagé glisse cette fois vers une artificialité pesante. Plus inquiétant, J. C. Somoza use d'un schéma narratif comparable à certains de ses précédents ouvrages : les ficelles sont grosses, les ressorts visibles. Trop nombreux, pas suffisamment attachants, les personnages paraissent écrasés par la lourdeur ambiante, et manquent cruellement de vie. Même les amateurs de Lovecraft, d'abord enthousiasmés par le point de départ imaginatif, restent sur leur faim. Une déception à la hauteur du talent de l'écrivain qui, sans écrire un mauvais livre, n'a pas su aller plus haut.
Par Mikael Demets.

(Source : Evene)


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